La lessive au lavoir ...." nade Boulmé "
Il faut se souvenir , dans le temps passé , il n'y avait pas de matiére suceptible de remplacer le tissus . Aucune matiére jetable , comme les mouchoirs ou le " saupalin " . Souvenez-vous bien qu'il fallait tout laver ? y compris les chiffons. Et ce qui est trés important , aucun moyen mécanique ne pouvait remplacer le lavage à la main . De ce fait ? il faut aussi savoir qu'on se changeait toutes les semaines , c'était comme ça . Le dimanche , toutes les maisonnées se dépouillaient de leurs hardes bien crasseuses , surtout les chemises d'hommes qui avaient bu la sueur des journées du pénible labeur de cette époque .
Il fallait compter deux ou trois jours de lessive bien remplis . La veille , il fallait trier le linge entassé ou pendu pour ne pas qu'il moisisse , dans le cabanon depuis deux ou trois mois eh !oui !....Tout le linge de maison était blanc , il fallait le mettre dans un grand baquet rempli d'une eau qu'il a fallu charrier seau par seau en la tirant du puits , et jeté deux ou trois grosses poignées e cristaux de soude. On appelle ça faire tremper le linge .Puis il y avait le linge de couleur , surtout celui des hommes ...... Ah ! il faut que je vous parles des chaussettes russes que les hommes portaient , ce sont des chiffons qu'ils mettaient en guise de chaussettes dans des gros souliers cloutés , qui empestaient le cabanon . Les hommes disaient " c'est bin bon pour aller au bois " ou "dans les champs " !..
Courageusement elles allaient laver tout ce linge au lavoir. Prendre la brouette chargée du linge bien dégorgé , dans la lessiveuse , des caisses garnies de paille qui recevront nos genoux , des brosses et des savons , et les petites planches à laver . Nous atteignons notre lavoir , nous voilà à l'oeuvre , l'échine courbée sur nos planches . Il fallait frotter et frotter encore , pour enlever la crasse , travail trés dur .Le petit tunnel qui passait sous la route , voyait le ruisseau emporter comme une flotille , les paquets de mousse .
L'hiver il faisait froid , parfois il fallait casser la glace , laver et rincer dans l'eau glacé qui raidit les doigts ,et si la tentation trop forte vous obligeait à les plonger dans l'eau chaude de la lessiveuse , alors ! c'était l'horreur , la piquette que l'on appelle aussi onglée vous dévorait les mains comme un million d'aiguilles , nous en avions les yeux larmoyants , alors on glissait nos mains sous les aisselles et on entamait la danse des sioux pour se réchauffer . Certains lavoirs étaient couverts , plus agréable quand il faisait froid .
Nous voilà dans le bain , à genoux chacune dans sa boîte , les laveuses tiraient sur la brosse , savonnaient , pétrissaient , malaxaient et créaient des tempêtes de rinçage . Elles carnardaient , la grande planche d'averses diluviennes quand elles tordaient , avec une énergie farouche , le linge qu'elles expédiaient ensuite avec une adresse de jongleur dans les lessiveuses qui les reçevaient . Souvent la voisine y avait droit , c'était la rigolade .
C'était trés rare , mais s'il arrivait qu'une piéce de linge échappe à la vigilance d'une laveuse et coule à pique , alors vite les travailleuses s'arment des grandes perches prévu à cet effet , et debout sur la planche à laver tels des gondoliers , elles rattrapent le linge .Bien souvent , la piéce est remontée un peu vaseuse , rires et blagues fusent et le travail reprend . Evidemment ça causait : les bavardages allaient bon train , " patati" et " patata " , toute la commune y passait , en bien ou en mal .......C'était " radio lavoir ", mais s'il fallait prendre le vélo par n'importe quel temps pour aller téléphoner au docteur , aider une accouchée , soutenir une mourante , on pouvait compter sur les pipelettes des lavoirs .
Il fallait être fameusement costaud quand c'était la lessive des draps . La grosse toile rêche de l'époque , qu'on appellait " gratte cul " , en plus ils étaient trés longs , et trés lourds . Il fallait la puissance de quatre bras de forçats pour tordre ces cous de géants qu'on avait bien laissé égoutter pourtant . Généralement les draps se lavaient à deux , une laveuse à chaque extrémité , elles s'entraidaient pour ce lourd travail . Au rinçage , elle lançait le drap comme un filet de pêcheur et,le reprenait et , le relançait , le frappait au battoir pour bien extraire toute la lessive des fibres . Cela était trés épuisant , d'autant plus qu'il y avait eu le même manége au décrassage . Les visages se crispaient sous l'effort , les dents mordaient les lévres mais on tenait bon !.. on n'avait pas le choix !..
Dans beaucoup de fermes , un rudimentaire aménagement était prévu au bord d'une mare proche pour le lavage de tous les jours . Il était impossible de laver sur un évier , pour l'économie de l'eau du puits la seule potable . Et puis les éviers de pierre n'étaient pas profonds , il fallait vider doucement pour ne pas déborder .
Je ne crois pas que les lavoirs aient été regrettés par les pauvres esclaves du linge . Les lavoirs étaient de véritables boîtes à courants d'air , et bien des femmes y ont attrapé le " mauvais mal " , comme on disait . La preuve , toutes les personnes qui le pouvaient ......avaient leur laveuse .Les commerçantes , certaines fermiéres , la femme de l'instituteur etc ......
Mais ! Dites-voir , on en a pas fini de la lessive , et la brouette alors ! ..Il faut la ramener avec le linge qui pése et faire le trajet , puis à l'arrivée , il faut étendre . Mais ! ..Quel bonheur demain , quand vous allez respirer avec délice la bonne odeur de vôtre linge . Blanc !. Mais blanc et parfumé de mille senteurs des prés .
Les courageuses laveuses qui devaient en rentrant s'occuper de leur marmaille, du mari exigeant , servir le repas préparé tôt le matin , traire et nourrir les animaux de la ferme, avaient-elles le temps de humer en rêvant leur beau linge odorant ? Non !...Mais tout de même , elles étaient fiéres de sa blancheur, car cette lessive qui se laisse admirer en dansant sur son fil, était la fierté de toutes les femmes .
J'aime beaucoup les lavoirs et j'ai de la peine de les voir mourir . Ce que j'aurai beaucoup aimé , que les communes continuent à les entretenir , en souvenir du courage des laveuses !.........
Il fallait compter deux ou trois jours de lessive bien remplis . La veille , il fallait trier le linge entassé ou pendu pour ne pas qu'il moisisse , dans le cabanon depuis deux ou trois mois eh !oui !....Tout le linge de maison était blanc , il fallait le mettre dans un grand baquet rempli d'une eau qu'il a fallu charrier seau par seau en la tirant du puits , et jeté deux ou trois grosses poignées e cristaux de soude. On appelle ça faire tremper le linge .Puis il y avait le linge de couleur , surtout celui des hommes ...... Ah ! il faut que je vous parles des chaussettes russes que les hommes portaient , ce sont des chiffons qu'ils mettaient en guise de chaussettes dans des gros souliers cloutés , qui empestaient le cabanon . Les hommes disaient " c'est bin bon pour aller au bois " ou "dans les champs " !..
Courageusement elles allaient laver tout ce linge au lavoir. Prendre la brouette chargée du linge bien dégorgé , dans la lessiveuse , des caisses garnies de paille qui recevront nos genoux , des brosses et des savons , et les petites planches à laver . Nous atteignons notre lavoir , nous voilà à l'oeuvre , l'échine courbée sur nos planches . Il fallait frotter et frotter encore , pour enlever la crasse , travail trés dur .Le petit tunnel qui passait sous la route , voyait le ruisseau emporter comme une flotille , les paquets de mousse .
L'hiver il faisait froid , parfois il fallait casser la glace , laver et rincer dans l'eau glacé qui raidit les doigts ,et si la tentation trop forte vous obligeait à les plonger dans l'eau chaude de la lessiveuse , alors ! c'était l'horreur , la piquette que l'on appelle aussi onglée vous dévorait les mains comme un million d'aiguilles , nous en avions les yeux larmoyants , alors on glissait nos mains sous les aisselles et on entamait la danse des sioux pour se réchauffer . Certains lavoirs étaient couverts , plus agréable quand il faisait froid .
Nous voilà dans le bain , à genoux chacune dans sa boîte , les laveuses tiraient sur la brosse , savonnaient , pétrissaient , malaxaient et créaient des tempêtes de rinçage . Elles carnardaient , la grande planche d'averses diluviennes quand elles tordaient , avec une énergie farouche , le linge qu'elles expédiaient ensuite avec une adresse de jongleur dans les lessiveuses qui les reçevaient . Souvent la voisine y avait droit , c'était la rigolade .
C'était trés rare , mais s'il arrivait qu'une piéce de linge échappe à la vigilance d'une laveuse et coule à pique , alors vite les travailleuses s'arment des grandes perches prévu à cet effet , et debout sur la planche à laver tels des gondoliers , elles rattrapent le linge .Bien souvent , la piéce est remontée un peu vaseuse , rires et blagues fusent et le travail reprend . Evidemment ça causait : les bavardages allaient bon train , " patati" et " patata " , toute la commune y passait , en bien ou en mal .......C'était " radio lavoir ", mais s'il fallait prendre le vélo par n'importe quel temps pour aller téléphoner au docteur , aider une accouchée , soutenir une mourante , on pouvait compter sur les pipelettes des lavoirs .
Il fallait être fameusement costaud quand c'était la lessive des draps . La grosse toile rêche de l'époque , qu'on appellait " gratte cul " , en plus ils étaient trés longs , et trés lourds . Il fallait la puissance de quatre bras de forçats pour tordre ces cous de géants qu'on avait bien laissé égoutter pourtant . Généralement les draps se lavaient à deux , une laveuse à chaque extrémité , elles s'entraidaient pour ce lourd travail . Au rinçage , elle lançait le drap comme un filet de pêcheur et,le reprenait et , le relançait , le frappait au battoir pour bien extraire toute la lessive des fibres . Cela était trés épuisant , d'autant plus qu'il y avait eu le même manége au décrassage . Les visages se crispaient sous l'effort , les dents mordaient les lévres mais on tenait bon !.. on n'avait pas le choix !..
Dans beaucoup de fermes , un rudimentaire aménagement était prévu au bord d'une mare proche pour le lavage de tous les jours . Il était impossible de laver sur un évier , pour l'économie de l'eau du puits la seule potable . Et puis les éviers de pierre n'étaient pas profonds , il fallait vider doucement pour ne pas déborder .
Je ne crois pas que les lavoirs aient été regrettés par les pauvres esclaves du linge . Les lavoirs étaient de véritables boîtes à courants d'air , et bien des femmes y ont attrapé le " mauvais mal " , comme on disait . La preuve , toutes les personnes qui le pouvaient ......avaient leur laveuse .Les commerçantes , certaines fermiéres , la femme de l'instituteur etc ......
Mais ! Dites-voir , on en a pas fini de la lessive , et la brouette alors ! ..Il faut la ramener avec le linge qui pése et faire le trajet , puis à l'arrivée , il faut étendre . Mais ! ..Quel bonheur demain , quand vous allez respirer avec délice la bonne odeur de vôtre linge . Blanc !. Mais blanc et parfumé de mille senteurs des prés .
Les courageuses laveuses qui devaient en rentrant s'occuper de leur marmaille, du mari exigeant , servir le repas préparé tôt le matin , traire et nourrir les animaux de la ferme, avaient-elles le temps de humer en rêvant leur beau linge odorant ? Non !...Mais tout de même , elles étaient fiéres de sa blancheur, car cette lessive qui se laisse admirer en dansant sur son fil, était la fierté de toutes les femmes .
J'aime beaucoup les lavoirs et j'ai de la peine de les voir mourir . Ce que j'aurai beaucoup aimé , que les communes continuent à les entretenir , en souvenir du courage des laveuses !.........